Le drapeau du Québec
Proclamé par le gouvernement du Québec en 1948, le drapeau québécois vise à rappeler les racines françaises de la population. Il est également porteur d’une riche tradition. Retraçons l’histoire de cet emblème, communément appelé fleurdelisé, en rappelant l’origine de ses symboles et les étapes qui ont mené à son adoption, dont l'époque du régime français et du régime britannique.
La signification des symboles sur le drapeau du Québec
Les éléments apparaissant sur le fleurdelisé ont une riche symbolique :
- La fleur de lys : L’appropriation de la fleur de lys par la monarchie remonte au Moyen Âge. Dès cette époque, les rois reproduisent cet emblème floral, qui est en fait un iris jaune, sur leur blason et leurs sceaux. Ainsi, le lys apparaît sur les croix plantées par Jacques Cartier au nom du roi François 1er dans la baie de Gaspé en 1534 et à Stadaconé (Québec) en 1536. La tradition catholique associe en outre la fleur à la Vierge Marie.
La croix blanche : La croix blanche apparaît à l’époque des Croisades et s’impose notamment dans le contexte de la guerre de Cent Ans face à la croix rouge anglaise. Vers 1535, la marine marchande française commence à arborer un pavillon bleu à croix blanche, dont Samuel de Champlain en atteste l’existence au début du XVIIe siècle. L’armée royale française emploie également ce motif.
- La couleur bleue : L’emploi de la couleur bleue renvoie au manteau bleu de la Vierge Marie et à la chape de saint Martin, saint patron du royaume des Francs dont la relique est alors vénérée.
L'histoire du fleurdelisé
Sous le régime britannique
À la suite de la Conquête britannique de la Nouvelle-France en 1763, les pavillons français cèdent le pas à l’Union Jack, composé de la croix de saint Georges anglaise, de la croix de saint André écossaise et, à partir de 1801, de la croix de saint Patrick irlandaise.
En marge de ce drapeau officiel, qui subsistera jusqu’au 20e siècle au Canada, les francophones tentent de se donner un emblème propre à eux. En 1832, des comités de patriotes adoptent un drapeau vert, blanc et rouge. Associé aux rébellions qui secouent le Bas-Canada (Québec) en 1837 et en 1838, il est délaissé peu après. Les célébrations entourant le passage du navire de guerre français La Capricieuse à Québec et à Montréal en 1855 contribuent à populariser le drapeau bleu blanc rouge auprès de la population, qui se l’approprie.
L'ancêtre du fleurdelisé
Au début du 20e siècle, plusieurs projets de drapeaux émergent au Québec. Parmi ceux-ci figure celui mis de l’avant par Elphège Filiatrault, curé de Saint-Jude, qu’il nomme Le Carillon. Filiatrault s’inspire d’une bannière redécouverte en 1848 et qui, croit-on alors, avait été arborée en 1758 lors de la bataille de Carillon opposant les Français aux Britanniques. Aux lys pointant vers le centre et au fond bleu de la bannière, Filiatrault ajoute la croix blanche employée jadis par l’armée et la marine royale. Une variante dans laquelle apparaît en outre une représentation du Sacré-Cœur s’impose pendant quelques décennies.
L’adoption du drapeau québécois
Dans les années 1940, une vigoureuse campagne est orchestrée par des organismes patriotiques pour promouvoir le drapeau Carillon-fleurdelisé. La pression s’intensifie à partir de 1947 alors que le député René Chaloult dépose une motion invitant le gouvernement provincial dirigé par Maurice Duplessis à adopter un drapeau propre au Québec. Le 21 janvier 1948, ce dernier annonce en Chambre que le fleurdelisé, dont les lys sont redressés conformément aux principes de l’héraldique, deviendra l’emblème du Québec. Une loi adoptée deux ans plus tard officialise cette décision ministérielle.